Rencontre avec Talabast

Lors de la soirée de « La Vallée s’écrit… » à Chanterac j’ai eu l’occasion de rencontrer le groupe de musique traditionnelle  » TALABAST  » après leur représentation.

Comment est né le groupe de Talabast ? Depuis combien de temps vous jouez ?
Le groupe est né il y‘a trois ans et demi.
On est une bande d’amis mais aussi pour certains membres de la même famille. Le groupe est né à l’occasion d’un projet qu’on avait demandé à Christophe : rassembler des musiciens pour faire un bal il a donc rassemblé tous les membres qui lui étaient chers dans le domaine musical et puis on a fait une première expérience où on s’est bien trouvé et on a décidé de continuer.
Vous êtes un groupe assez nombreux donc comment organisez-vous votre travail ?
On travail plutôt sur des périodes de résidences, des périodes longues entre 2 et 7 jours parce qu’on est justement nombreux et c’est difficile d’accorder les différents emplois du temps. On associe aussi le quotidien à ça, c’est-à-dire que lorsqu’on part longtemps en mode plus ou moins « vacances » C’est aussi un moyen pour mieux se connaître et travailler en même temps.
Ensuite par rapport aux partitions, ect on travaille uniquement sur de la musique traditionnelle donc ce sont que morceaux qui existent depuis très longtemps, certains sont de 1900, ce sont des morceaux qui ont été collecté par oralité et du coup tout ce qu’on joue ce n’est que de l’oralité. Ensuite de par les instruments qu’on possède on arrange tous les morceaux car normalement dans les musique traditionnelle on retrouve la vièle, l’accordéon, la corde muse,… Nous avons mis de la contre-basse, un saxo, un peu de percussions,…
Mais alors ce choix d’instruments est volontaire ou c’était selon ce que chacun possédait ?
Et bien en faite c’est plus une rencontre humaine qu’un choix d’instrument. Le discours musical se créer d’abord humainement et ensuite musicalement selon les instruments qu’on a. Et comme nous sommes tous plus ou moins « instrumentiques » on créer selon nos identité musical.
Après il y’a aussi la langue qui rentre en compte, c’est parler en patois donc il y’a autre chose, ce n’est pas que de la musique….

Vous tirez vos influences principalement auprès de la musique traditionnelle ou il y en a d’autres ?

Oui, à la base c’est ça et puis après c’est ce qu’apporte chaque musicien avec chaque instrument ainsi que les parcours individuels de chacun. Et puis dans notre groupe il y’a aussi une rencontre entre comédiens et musiciens donc ça apporte encore quelques chose de nouveau où les influences ne sont pas que musicales.

Et bien justement je savais que deux d’entre vous étaient comédiens donc je voulais savoir ce que cette rencontre apporte au groupe ?

Moi je pense que ça a nourrit la rencontre au départ puisque c’était le vœux de Christophe Milani à l’époque avant le groupe de Talabast on jouait à quatre, et ils avaient fait vœux de changer un peu l’horizon musicale en faisant venir des comédiens donc c’était vraiment pour tenter une ouverture vers autre chose, c’était une nouvelle expérience. Par exemple, pendant un concert on s’arrêtait pour faire un sketch, après on revenait jouer sur scènes, on faisait un peu les vautours.
Talabast s’est manifesté surtout au niveau des intermèdes, des histoires racontées, au niveau de la continuité du spectacle, de l’énergie. Du coup ça casse l’image du bal où il n’y a que des musiciens sur scène qui font danser, c’est plus un bal à écouter.
Dans la présentation des morceaux il y a aussi toute une histoire, par exemples avec les filles de Marzac, on reprend des musiques d’anciens qui sont morts, des trucs de la « Becas Chaminade » qu’on a été cherché aux archives, il y’a une histoire dans tout ça et on trouve bien de pouvoir les raconter et d’avoir des comédiens qui savent conter car quand on est plus musicien que comédien, on est plus musicien que comédien.

Attendez-vous quelques choses de votre public ?

Ce qu’on pourrait attendre de notre public c’est qu’il s’intéresse à la danse, qu’il ne soit pas qu’à l’écoute, qu’il s’essaye à danser. En même temps on attend peut être aussi de lui qu’il se détache de la danse, qui se laisse aller. On fait de la musique traditionnelle avec des danses traditionnelles donc une première possibilité, mais c’est également de la musique traditionnelle plus des morceaux de musiques actuelles donc une danse qui peut totalement être autre que la danse traditionnelle. C’est vrai qu’on attend aussi peut être du public qu’il se laisse aller à s’aimer, à se rencontrer.
C’est vrai qu’à la base les gens ont plutôt du mal à danser et donc la formule de descendre dans le public pour les aider à danser marche car le public est rempli d’une énergie et c’est alors faisable. C’est-à-dire il y’a une sorte d’éducation à autre chose qu’une idée reçu qu’on peut avoir quand on se dit qu’on va aller assister à un concert ou un bal traditionnel, il y’a une vrai recherche de partage, pour nous c’est un vrai défi.

De quoi parlent vos textes ?

Principalement d’histoires de fesses, de concubinage, d’échangisme, de mariage…

Quel est la place de la langue dans votre musique ? Si aujourd’hui on vous demandez de ne plus chanter en occitan l’accepteriez-vous ?

Les musiques sont liées à la langue, langue est musique dans cette histoire-là. Après la langue est aussi un outil, c’est une langue très chantante et très intéressante en tant que musique. On n’est pas obligé de vraiment le parler pour le chanter, on peut chanter sans le parler. C’est vraiment un outil. Après dans Talabast il y’a tout le jeu de parler en occitan, traduire en français, rigoler avec ça et dire des conneries. C’est peut être aussi un peu désacraliser le truc des intégristes. C’est une identification à une musique aussi, on est de là, d’une langue,… On en fait ce qu’on en peut en essayant de dépasser ce cadre-là. Il y’en a plein qui chantent… pas en yaourt mais approximativement correct. On a aussi parfois une volonté de mettre des accents tonique qui sont faux quand tu parles vraiment l’occitan mais là parce que ça le fait. On fait des erreurs mais on l’assume.
On mélange les directives, tu commences en Limousins, tu finis en gascon, c’est tout mélangé, on dialecte de différentes régions. Le problème c’est que le patois n’est pas le même selon les régions.

Vous sentez-vous engager quelques part ? Et si oui le positionnement de celui-ci ?

Comme dirait un grand poète nous sommes plutôt dégagés. (Rires)
Mais de toute façon tu ne montes pas sur scène si tu n’es pas engagé, tu viens quand même avec ton énergie et il faut la transmettre, …. Et puis l’engagement se fait dans le partage, des gens qui sont sur scènes et du public, et des gens entre eux….

Et dans la défense de la langue ? Y’a-t-il une volonté de faire perdurée la langue occitane ?

En tout cas c’est défendre une partie de la culture occitane qui veut faire rencontrer les gens, c’est utilisé une partie des valeurs occitane. Après défendre la langue en elle-même.. Déjà il y’a une différence entre la langue qu’on manie mal, qu’on charcute donc on ne peut pas vraiment dire qu’on défend la langue, mais peut être qu’on la défend en l’utilisant et en se permettant les liberté qu’on veut avec, et il y’a la musique, la culture… La façon de travailler la musique traditionnelle dans Talabast c’est une forme d’engagement, les instruments n’ont rien à voir avec la vièle,… Ça c’est une façon de traiter la culture musical, il y’a sans doute une différence entre la langue et la culture…
C’est se servir de cette culture un peu humaniste, qui se partage facilement pour communiquer avec les gens et ceci de façon intergénérationnel. La preuve le groupe va de 20 à 60 ans, et c’est pareil dans le public, les gens ne viennent pas chercher la même chose mais se retrouvent.
Après on a eu des projets comme les bals sauvages, où on allait faire une tournée des villages où il y’avait moins de 100 habitants c’était redonner de la culture à certains endroits qui sont en appel ruraux, et parce que la conjoncture est comme ça ils n’ont pas forcément la chance d’avoir accès à ces évènements.

Toujours par rapport à la langue : Qu’est-ce que vous pensez de la ré-insertion dans les écoles ?

C’est très bien on ne peut pas dire autres chose…C’est-à-dire que le problème du système occitan c’est qu’il y’a peu de monde donc moins il y’a du monde plus ça devient des groupes et donc ça fait du corporatisme, tu vois ? Plus il y’a de propositions, plus il y’a d’actions en faveur de ça, moins ça devient important, ça se banalise. C’est intéressant. Le problème d’aujourd’hui c’est que l’insérer dans les écoles c’est très bien, à condition que les personnes qui portent le projet soit… bienveillants, soit ouvert à autre chose, là il n’y a pas de problème. Si à un moment donné il y’a peu de monde qui le font il y’a une certaines tendance à fermer, à protéger, à surprotéger, plus on est d’artistes mieux c’est, plus il y’a d’enseignants, mieux c’est, ect. Tout ça c’est vraiment le problème d’aujourd’hui, on ne peut pas dire c’est bien, pas bien, il faut juste être vigilant sur les gens qui porte la langue occitane, ils doivent être d’aplomb et ouvert.
Après c’est toujours une langue supplémentaire et dans ce sens oui c’est important.
La vie d’une langue c’est aussi de disparaître aussi, la question est affective. Il n’y a rien à défendre c’est juste aimer faire, ou faire en sorte que ça existe dans son intérêt à soi, si on en a envie. Mais ce n’est absolument pas un problème, il faut démystifier ça. Une langue c’est fait pour disparaître et d’être là quand on en a besoin pour communiquer.

Dernière question, vos futurs projets ?

Et bien le saxophoniste par pendant un an en Norvège, l’ancien percussionniste est parti.. Enfin beaucoup de mouvement… Disons qu’en septembre on se met en pause, pendant neuf mois ! Voilà le projet. Du coup dernier concert pour Talabast durant l’été…

 

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