Le 13 Mai, le groupe des « Frères Jacquard » faisait leur première sur le festival de la vallée à Neuvic. Ce groupe totalement loufoque nous met forcément le sourire aux lèvres si ce n’est le rire dans le bide. Le principe de leur musique est de « reprisé », comme ils le disent eux même, des hits de la chanson française ainsi que de la pop des années 80. Ils détournent ces musiques, en font quelques chose de nouveau… à leur sauce ! J’ai pu les rencontrer le Jeudi 14 Mai, jour où ils jouaient sur le marché de la ville de « Saint-Astier ». Les trois frères, Jean Co, Jean Mi, et Jean Sté ne m’ont pas épargnés, m’embarquant dans leur univers, s’ancrant dans leurs personnages, s’égarant, se coupant… Je vous laisse donc découvrir cet interview qui pourrait presque ressembler à une pièce de théâtre….
Ah oui ! Il y ‘a aussi un petit défi, cinq mots étaient obligatoirement à placer dans l’interview, à vous de les trouver….
(respectivement : Jean Sté, Jean Co, Jean Mi : )
Pouvez-vous me présenter un peu votre groupe ? Comment est-il né ?
JM : dans la douleur, un accouchement terrible.
JC : ça a commencé heu… par de l’alcool. Non, alors pas tout à fait, on nous a demandé de jouer sur un plan payé, enfin pas de jouer….
JS : Non mais moi je propose une autre version !
JM : On a qu’à faire chacun une version… Toi c’est la version historique, ça va être long…
JS : Tout d’abord, bonjour (un mot !). On se connait depuis un certain temps vu que nous sommes une fratrie, on partage la même mère pas les mêmes pères, voilà. Seulement on se connait depuis suffisamment longtemps pour ne pas avoir fait de projets ensembles. On se supportait moyennement quand on était plus jeunes. Puis est arrivé un événement, celui qu’expliquait Jean Co, c’est-à-dire qu’il y a deux ans il y a un endroit qui s’est retrouvé sans groupe, Jean Co était sollicité pour jouer avec sa compagne mais elle ne pouvait pas. Il a appelé les Frérots, les Frérots on dit OK on ne va pas te laisser dans la mouïse, on arrive. Alors moi à l’époque je chassais l’ornithorynque au Canada, Jean-Mi tu faisais quoi toi ?
JM : Moi je reprisais les chaussettes.
JS : Tu reprisais les chaussettes… C’est vrai. Une petite entreprise qui marchait moyennement ; donc on a dit Ok, Ok on va venir te débrouiller avec ça. Tu peux raconter la suite si tu veux Jean Co ! Nous avons le point de départ.
JC : Alors oui, du coup on s’est dit qu’est-ce qu’on va faire ?! Parce qu’on n’avait quand même pas de répertoire à ce moment-là, pas de groupe. Il a fallu improviser et donc du coup je leur ai dit, « Et mais ! Qu’est-ce qu’on faisait à l’époque en fin de soirée quand on avait fait la fête du village de ceci cela ?? » On faisait des petites chansons qu’on reprenait, avec lesquelles on rigolait donc on s’est dit « Et si on ne mettait pas ça dans un spectacle, dans un répertoire ». Ça a marché et le groupe est né, presque par accident.
JS : Ce qui était censé être ponctuel est devenu… rituel. Quelque chose à ajouter Jean-Mi ?
JM : Et bien oui, un fromage comme dirait… le renard et… voilà. Depuis nous tournons, nous tournons, nous tournons, de ci, de là, nous élargissons le périmètre de notre activité.
JS : Ça nous a permis de renouer le lien entre nous aussi.
JM : Oui beaucoup, ça nous a rapproché.
JC : Le fait que les pères soient morts aussi ça nous a aidé, il reste plus que maman (JM : C’est vrai) et du coup c’est plus calme (JM : Un tragique accident, ils sont tous partis en boîte un soir…)Voilà ce qu’on peut dire que ce qui est né d’un accident deviens alors… un art de vivre ( JS : Ouais une belle chose, une belle chose). Une chose rentable en plus ! (JM : Ah oui parce que ça marche en plus) Jusque-là pas d’échec, ce qui faisais partie du loisir est devenu… une activité lucrative, bon pas tout à fait encore (JM : on vend beaucoup de carte postales quand même ; JS : On a beaucoup de messages de bonheur….) Mais peut-être s’égarent-on de la question si tu veux recentrer le débat Coline…
Comment avez-vous découverts votre style musical ?
JS : On a déjà donné quelques éléments de réponse… C’était avec les repas du dimanche, à partir de 16 heures, dijo, dijo, dijo, et comme on ne savait plus quelle chanson on chantait on inversait les paroles en fait.
JM : On croyait que ça faisais rire que nous mais apparemment…
Et dans le choix des instruments ?
JS : Et bien la flûte était un instrument obligatoire à l’école (JM : Moi je détestais la flûte, j’avais six ans de flûte, six… !)Sinon le charango (JM : Oh le charango quelle drôle d’histoire !)
JC : Alors le charango c’est une petite guitare pour jouer de la musique des Andes hein, pour accompagner souvent les flûtes de pans, voilà. Parce que j’ai joué un jour, je le reconnais dans un groupe de musique des Andes, belle époque hein, parceque j’ai découvert cette guitare, « EL PUEBLO », et voilà je me suis dit, cette guitare elle a du potentiel, je me suis dit déjà elle prend moins de place qu’une guitare, elle est réduite mais il y a quand même plus de cordes que sur une vraie guitare, le son est plus amplifié, et puis ça coule sous les doigts voilà.
Js : physiquement c’est petit musicalement c’est ample et ça diffuse. Ensuite la basse, j’vais te dire, la basse c’est simple : t’as un doigt, deux doigts, trois doigts, quatre doigts, cinq doigts hein, la basse tu as quatre cordes, alors quand tu fais la pince tu as quatre doigts et là ça devient évident. Tu vois toute les cordes, et moi j’ai besoin de tout voir.
JM : Et moi comme j’ai six doigts, j’ai fait de la guitare parce qu’il y a six cordes. Spécialiste de l’accord « moufle » (JC : Les spécialistes appellent ça le treize neuvième, el treize neuf), c’est très bien pour la funky musique de James Brassens, Pris Brown, Claude Brel.
Et la valise batterie ?! Et bien enfaite notre Jean co est batteur, a la base.
JC : Pour la valise batterie, il nous fallait quelque chose de pratique qui sonne bien, donc une valise. On peut ranger des choses à l’intérieur en plus.
Comment définirez-vous ce style ?
JM : Le style peut être s’inscrit dans une grande tradition de la parodie de la chanson qui avait commencé peut être avec les chansonniers du début du siècle qui s’est perpétué dans l’entre deux siècle dans les années folles dans les petits bars de Montmartre donc de Paris, une tradition… Et puis une tradition de chansonniers aux States que je connais bien puisque j’y suis allé deux fois, twice. Et donc après dans la grande lignée, on peut retrouver les frères Jacques en France, puis plus récemment plein de petits groupes, de comiques qui ont repris plein de chansons, les détournant…. On y apporte une petite touche, je pense… « Old School »
JS : Disons qu’on est resté un peu collé à une époque qui nous rappelle des bons souvenirs, les années 80. (JC : Les années folles de la fringue). Moi je suis toujours resté hypnotisé par le papier peint que j’avais dans ma chambre, ces espèces de motifs marron et orange où quand tu étais puni devant le mur…. J’en ai gardé une image… Indélébile.
JM : Pour en revenir à ces influences en fait, effectivement c’est très ancré dans les années 80 dans le populaire, et des morceaux qui sont restés, auxquels sont raccrochés beaucoup de gens, de toutes les générations et même des générations de maintenant…
JS : Pourquoi ? Parce qu’ils ont accompagné assez jeunes leurs parents dans des fêtes de familles ou quand ils avaient bu quelques litres et bien allez ! On met du Jo Dassin, on met la Compagnie Créole, Claude Brel, Téléphone, Jean-Jacques Goldman, … Des Classiques quoi. Et les générations qui connaissent pas cette musique et bien…. Je ne sais pas en fait.
JC : On doit faire rire au final. Donc OK on est sur de la mauvaise musique, pour certains tubes, mais qui nous rappelle des bons souvenirs ! On est sur quand même quelque chose d’affectif, proche d’un univers qui rappelle de bons souvenirs, d’une époque, pour certains peut être de mauvais souvenir, on n’aurait pas voulu écouter ça maintenant mais ça nous rappelle une époque.
Pourquoi avoir creer des personnages autour de votre musique ?
JM : On n’est pas sûr que ce soit des personnages, si ils y sont, ils existent mais on les a pas vraiment créé ou travaillé, c’est un peu notre clown intérieur comme on dit, notre clown profond qui ressort d’abord.
JS : On n’est pas totalement différents avant, pendant et après. (JM : Ouais… si quand même) Oui bon, un petit peu parce qu’on exagère un peu pendant le spectacle, parce que les gens sont là pour voir des choses qui vont les marquer mais on n’est pas tant différents que ça.
JM : On a un peu peur d’approfondir, dans ce truc-là vu qu’on joue naturellement sur nos clowns mais après, de les travailler…. On les met en scène avec les costumes…
JC : Oui on les met en avant mais pour l’instant il n’y a pas ce réel travail de mise en scène (JS : Si tu voyais notre garde-robe tu te dirais que finalement…)JM : On est pas si loin de…).
Evidemment ce genre de musique se prête aussi très bien à un jeu de personnages, donc malgré nous, on est bien obligé d’essayer de trouver comment s’intégrer là-dedans et on a un groupe un peu 4/4 mais on peut aussi se retrouver en mode cabaret où le public est assis, ils écoutent et donc du coup ils ont autant à voir qu’à écouter. Du coup, tant qu’ils ont à voir il faut qu’il y ait quelque chose à voir, alors comment ces frangins ils évoluent au fur et à mesure d’un spectacle.
JM : On sort un peu des carcans des spectacles avec de beaux enchainements, non on fait les choses naturellement avec cœur donc on se laisse aller, on parle, on…
JS : Donc y’a des vides, il y’a des blancs et ça fait partie de notre vie aussi, finalement moi je trouve qu’on est assez proches de ce qu’on est sur scène (JC : un petit peu caricaturé, JM : un chouia).
Alors pourquoi ce nom les frères Jacquards ?
JM : AAAH et bien ça a commencé par un mauvais nom quand même, il fallait qu’on joue, c’est parti un peu du style vestimentaire et du fait qu’on chante, donc les frères Jacques qui chantaient, un peu à l’ancienne (JM : Albert Jacquard, un grand scientifique) et du coup pour les pulls (JM : Les pulls Jacquards).
JM : Donc tout se recoupait, c’était comme une évidence… Nous sommes les Frères Jacquards.
Et les premiers noms du groupe du coup je n’ai pas le droit de savoir ?
Ensembles : The Ketchup
JM : Après on s’est rendu compte qu’exister « Las Ketchup » avec « aserejjadeje… ». Du coup ça n’avait rien à voir… J’avais proposé plusieurs noms, the steak, the roofeuse, j’aimais bien celui-là.
JC : Moi j’avais proposé mayo, moutarde, Ketchup et on a pris Ketchup…
JM : On en parle plus ? C’est une vieille histoire…
Alors,est ce que vous voulez créer un univers spécial, ou se crée t-il indépendamment de vous ? Vous m’avez déjà un peu répondu mais si vous pouvez approfondir…
JM : Alors tout acommencé au big-bang, l’univers c’est simple au début il n’y avait rien. Pas un pull Jacquards, quedal. Eternelle expansion et je crois que les frères Jacquards c’est ça. On évolue malgré nous, on peut rien faire, (JS : on évolue avec le mouvement mais avec du retard). Mais on fait avancer les choses au niveau du style vestimentaire, du lâcher prise, on est beaucoup sur le lâcher prise personnel et donc qui apporte le lâcher prise au niveau des gens même. (JC : Et pour rejoindre c’est ce qu’on a envie de transmettre) Voilà c’est plutôt ça, ce côté c’est bon, ce n’est pas grave, laisser aller on peut se marrer de tout,…
JC : N’allait pas forcément voir un spectacle danse contemporaine à 40 euros… (JM : Si allez les voir c’est bien aussi). Oui, oui allez les voir, la culture est toujours aussi riche (JS : Mais parfois trop grasse, nous on apporte des Om3 à la culture)
JM : Voilà nous sommes comme la plume du duvet et du canard sur le dos de la culture. (Phrase à conserver signé Jean Michel Jacquard). Cette légèreté, dans le sens du poil,…
Est-ce que vous attendez quelques choses de votre public ?
JM : Qu’il rigole hein, qu’il se laisse aller !
JS : Qu’ils répondent mais sage parce que nous notre but, c’est quand même de conquérir le monde. (JM : Oui voilà, tant qu’on n’a pas conquît le monde, et bien on a rien fait !). Nous on nous laisse entrevoir un espoir de conquête du monde, bah on y va, il ne fallait pas nous laisser la porte entre ouverte comme ça… Nous ce qu’on veut c’est que les gens soit demandeurs de nous, après les autres…. Non. (JC : Nous on veut que les gens repartent avec un peu de légèreté, de bonheur, d’allégresse). Souvent on nous dit « ça m’a fait du bien » alors on est comme des thérapeutes de la culture en fait c’est tout. Il y a une fille qui nous a dit y-a pas longtemps vous êtes un groupe diurétique, voilà il faut avoir fait pipi avant de vous voir. C’est un peu ça, ça draîne, on est un groupe draînant, ça permet de décharger si vous voulez vous lâcher et bien vous venez voir les frères jacquards et si nous on peut fournir ça alors !
JM : On est un peu comme du mercurochrome sur la cicatrice du désespoir. ( byMichel Jacquard)
(rigolade)
Alors aujourd’hui c’était votre première expérience de marché, comment l’avez-vous vécu ?
JC : C’est la première fois qu’on joue à dix heures du matin, c’est tôt, surtout quand on a joué à 23h30 la veille.
JM : C’est particulier mais je pense qu’on a cette capacité quand même en 4/4, on s’adapte, on peut vendre des pulls,…
JC : Vu que c’était notre première expérience, ça n’a pas toujours été facile mais on s’adapte hein ! On s’est dit que la prochaine fois, on aura les outils pour. (JS : On est un peu des winners)
JM : C’est s’adapter au mouvement, y-en a qui repartent, qui arrivent
JS : Finalement il y a eu des gens qui sont restés donc ça c’est encourageant parce qu’ils n’avaient absolument pas prévu de rester là. Tu prends le retard parce que tu restes devant les frères Jacquards, mais tu sais que tu ne vas plus avoir de fromage alors il faut faire un choix ! On a quand même arrêté avant l’heure de manger, pour ne pas perturber les gens dans leur rythme…
Avez-vous de futurs projets ?
JS : Et bien conquérir le monde, rependre la bonne parole partout, tant que les gens auront besoin de bien-être et bien on peut être une des solutions. (JM : Et puis jouer, jouer, jouer). Puis nous, France 3 ce serait la consécration d’abord ; (JM : France 3 Dordogne, France 3 Périgord, France 3 Corrèze) Si on pouvait faire tous les France 3 Régionaux…. (JM : Une tournée des France 3 ce serait une idée). On est sur des plans de communication.
Dernière question peut-on rire de tout à votre avis ?
JM : Oui et comme disait Desproges, pas avec n’importe qui
JC : Bien sûr qu’on peut rire de tout la question est avec qui… (JS : Nous on a des choses qui font rire que nous.)Tu peux blesser quelqu’un en riant de quelque chose donc c’est là tout l’art de la subtilité.
JS : Par exemple il y’a un pot-pourri qu’on fait où on détourne des chansons de Johnny Hallyday et une fois, lors de nos prestations, pendant la pause, après avoir joué le morceau de Johnny un gars est venu me voir et m’a dit : « vous m’avez fait mal, vous m’avez fait vraiment mal, parceque ce que vous avez fait à Johnny, c’est mal. ». Mais il a ajouté « Mais vous l’avez bien fait, mais quand même vous m’avez fait mal. » et làça m’a touché, j’ai vu qu’on avait touché à une icône et ça fait pas rire tout le monde.
JS : Tu sais on travaille beaucoup sur l’autosatisfaction (JC : ah oui et ça c’est la moitié du travail). Les gens le sentent et ils sont contents de nous-mêmes.
JM : Pour finir on peut rire de tout mais on choque très peu en fait. Nous, on est pas subverti tellement, on est pas très politique, on est engagéset ça transparait un peu… A Table ??
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(Creative photo : Robin d’Euphor)